Les mangroves sont ces forêts littorales intertropicales dont les arbres – les palétuviers – poussent les pieds dans l’eau. Entre 1980 et 2010, 35 % de leur surface mondiale ont disparu, particulièrement dans le sud-est asiatique et en Afrique. Actuellement, l’équivalent de 150 000 stades de football est détruit chaque année. Or, les 150 000 km2 de mangrove du globe abritent de nombreuses espèces animales et végétales (crabes, poissons, crustacés, oiseaux, serpents, singes, algues, arbustes...) qui risquent de s’éteindre avec elle. De plus, les mangroves permettent de filtrer l’eau et contiennent l’érosion du littoral. Enfin, les sédiments présents dans leurs sols ont un pouvoir inégalé de fixation des gaz à effets de serre, contribuant ainsi à limiter le réchauffement climatique.
« Il reste encore beaucoup à apprendre sur les mangroves. Il faut continuer à travailler sur ces écosystèmes pour mieux les protéger », explique Tarik Meziane, écologue marin, chercheur pour BOREA (laboratoire de biologie des organismes et des écosystèmes aquatiques). Il étudie l’impact de l’eutrophisation[1] sur la capacité naturelle des mangroves à stocker le carbone bleu[2]. Il alerte sur la dégradation de la qualité de l’eau liée principalement aux activités humaines (aquaculture, pollution, urbanisation, agriculture, exploitation forestière etc.) - phénomène qui fragilise les mangroves. L’un des objectifs de Tarik Meziane et de son équipe est notamment de comprendre l’impact des ajouts organiques dans le sol des mangroves mais aussi comment l’activité des crabes influence la capacité des sédiments à être un puits de carbone.
[1] L’eutrophisation des milieux aquatiques est un déséquilibre du milieu provoqué par l'augmentation de la concentration d’azote ou de phosphore.
[2] Le Carbone bleu est le carbone stocké par les plantes marines.
